Jean-Michel Atlan
Jean-Michel Atlan, né le 23 janvier 1913 à Constantine en Algérie, et mort le 12 février 1960 à Paris, est un peintre, dessinateur et poète français, dont l'œuvre a marqué de manière indélébile l'art du XXe siècle.
Issu d'une famille judéo-berbère de la bourgeoisie de Constantine, Jean-Michel Atlan quitte l'Algérie pour Paris en 1930. Il y entreprend des études de philosophie à la Sorbonne et devient professeur de philosophie, d'abord au lycée de Laval en 1939, puis en 1940-1941 au lycée Condorcet à Paris. Son installation avec son épouse Denise Veron en juillet 1941 au 16, rue de La Grande-Chaumière est déterminante pour lui. Dans ce quartier voué à la peinture, naît sa vocation picturale.
Atlan commence à peindre en 1941, en pleine guerre. Ses premières œuvres sont expressionnistes. En raison de son engagement dans la Résistance et de ses origines juives, il est arrêté en 1942. Atlan plaide la folie pour se faire interner à Sainte-Anne et y reste jusqu'à sa libération en 1944. Durant son internement, il découvre un monde au-delà des modes de pensée et des actes quotidiens, une expérience qui influence durablement son travail.
Il publie un recueil de poèmes, "Le Sang profond", en 1944 et expose pour la première fois à la librairie-galerie de l'Arc-en-Ciel, rue de Sèvres. Malgré des débuts couronnés de succès, il vit dans la misère peu de temps après, travaillant temporairement comme colporteur, diseur de bonne aventure et vendeur à la sauvette dans les couloirs du métro parisien.
En 1945, il rencontre Gertrude Stein à Paris. Elle montre ses œuvres à Londres et à New York, lui ouvrant les portes de ses amis collectionneurs. Jean-Michel Atlan a de nombreux admirateurs et amis, dont Hans Hartung, Schneider, Pierre Soulages et Serge Poliakoff.
À partir de 1945, Atlan crée des formes animales figuratives abstraites et fantastiques influencées par le haut primitivisme du groupe CoBrA et participe à leurs expositions, sans toutefois en être membre officiel. En 1950, il est invité par la revue CoBrA à exprimer son point de vue sur l'art contemporain.
Dès 1953, il connaît un succès grandissant au Japon, où il a une importante influence sur la calligraphie japonaise abstraite. En 1956, il expose à la galerie Bing, sa première exposition solo à Paris depuis 1947.
Vers 1956, le style de Jean-Michel Atlan s'affermit. Des lignes sinueuses noires très marquées entourent des champs aux tons pastel rappelant des associations organiques et végétales ayant pour thème le combat et le fantastique résultant d'une vision du monde agnostique et biologistique. La percée artistique d'Atlan en 1956 est due à une affiche qu'il conçoit pour l'exposition de la nouvelle "École de Paris" à la galerie Charpentier et pour une exposition à la galerie Bing à Paris.
Dans les années 50, Atlan, considéré comme l'un des représentants les plus importants de la "Nouvelle École de Paris", jouit d'une forte reconnaissance en France, au Japon, en Angleterre et aux USA. En 1958, il acquiert une fermette à Villiers-sur-Tholon, rue des Valots, où il travaille dans la tranquillité.
Jean-Michel Atlan meurt des suites d'un cancer en 1960.
De nombreux musées en France et à l'étranger acquièrent ses tableaux, dont la Tate Gallery de Londres et le Musée National d'Art Moderne de Paris. Autodidacte, inclassable, venu à la peinture sur le tard, ni figuratif ni tout à fait abstrait, Atlan, par l'extrême singularité de son art, exerce une influence prépondérante sur les peintres qui le côtoient. Son langage, proche d'un expressionnisme abstrait, le rapproche du groupe CoBrA. Ses peintures sont sévèrement construites, d'un graphisme sombre, noir épais, charbonneux, cernant des formes élémentaires courbes ou agressives matérialisées par des couleurs vives, dans un premier temps, puis qui s'adoucissent peu à peu. Le travail d'Atlan se fait sur les profondeurs de l'inconscient collectif, sur la symbolique des signes magiques.
En 1963, une rétrospective lui est consacrée au Musée National d'Art Moderne. Il laisse environ 220 œuvres à la postérité parmi lesquelles on trouve des tapisseries et des illustrations. En 2008, à l'occasion de l'exposition de la dation Atlan, l'artiste bénéficie d'une salle au Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou. En concomitance avec l'exposition de la dation Atlan au Centre Pompidou, la galerie Applicat-Prazan présente une exposition consacrée à l'artiste, insistant largement sur les œuvres de la fin de sa vie, celles des années 1957 à 1959, exception faite d'une peinture importante de 1948 qui a eu une grande influence sur les membres du groupe CoBrA.