Jean DegottexSuite Rouge VII
1964
Gouache sur papier
Signé et daté en bas à droite
105 x 75 x 22.5 cm ZoomDemande d'informations - Suite Rouge VII, 1964
Certificat
Provenance
Collection Privée, Belgique
Description de l'œuvre
En 1964, après une année d'inactivité à la suite du décès de sa fille, Jean Degottex reprend la série des Écritures. La couleur rouge domine, cette teinte possède une importance majeure dans le travail de l'artiste. Elle évoque la passion, la chaleur, l'énergie, mais également la colère ou l'introspection.
Une fois le fond appliqué, l'artiste superpose à l'aide d'une brosse large, de l'encre de Chine sur le papier, posé au sol. La matière est mince et sa calligraphie est appliquée d'un trait léger. L'écriture flotte dans un espace à la densité aérienne. Elle est exécutée d'un geste spontané et vif, insufflant ainsi une sensation de mouvement. Le geste semble rendu à sa pureté.
Un signe a également été tracé : une croix. Un symbole que l'on retrouve dans les premiers tableaux qui suivent la mort de sa fille. Au début, signe de révolte et de déni, la croix est intégrée peu à peu à sa peinture et dans ses titres.
Cette oeuvre, est un exemple remarquable de la quête de Jean Degottex pour exprimer l'inexprimable, laisser transparaitre l'invisible et traduire son univers intérieur.
Biographie de L'artiste
Jean Degottex, né le 25 février 1918 à Sathonay-Camp, dans un milieu modeste, passe son enfance à Lyon. À l'âge de quinze ans, il déménage à Paris avec ses parents, abandonnant l'école pour entrer dans le monde du travail.
C'est dans la capitale française qu'il fréquente les milieux libertaires et participe aux séances de dessin et de peinture des académies libres, notamment l'Académie de la Grande Chaumière. C'est également durant son service militaire en Tunisie et en Algérie, de 1939 à 1941, que Degottex peint ses premiers tableaux, caractérisés par une inspiration fauve et figurative.
La carrière artistique de Degottex prend une tournure décisive en 1941 lorsqu'il choisit de se consacrer entièrement à la peinture. Il expose alors au Salon des moins de Trente Ans.
En 1946, il épouse Marie-Rose (Mirose) Patrix, sœur de l'artiste Michel Patrix, et leur fille Frédérique naît en février 1947.
À partir de 1948, Degottex s'engage résolument dans l'abstraction, développant une peinture gestuelle qui le place parmi les figures marquantes de l'abstraction lyrique.
En 1949, il expose pour la première fois chez Denise René, galeriste réputée pour son soutien aux avant-gardes abstraites, puis à la Galerie de Beaune.
Cette même année, il entame une relation avec Renée Beslon, poète, plasticienne et critique d'art, qui deviendra sa compagne jusqu'à sa mort.
En 1951, il est récompensé par le prestigieux prix Kandinsky. À partir de 1954, ses œuvres montrent une gestualité abstraite de plus en plus radicale.
En 1955, Degottex rejoint la galerie Kléber, dirigée par Jean Fournier, où il entretient des relations artistiques parfois tumultueuses avec Simon Hantaï et Georges Mathieu, et se lie d'amitié avec le poète Bernard Heidsieck, ainsi que les artistes Françoise Janicot, Jean Dupuy et Paul Armand Gette.
La période de 1956 à 1963 est particulièrement prolifique pour Degottex, marquée par la création de grandes œuvres souvent organisées en séries telles que Ashkénazi (1957), Serto (1957), Hagakure (1957), les 18 Vides (1959), les Roses (1960), les Alliances (1960), les 7 Métasignes (1961) et Jshet (1962).
Ces œuvres se distinguent par une fusion entre une méditation prolongée et une exécution spontanée.
La perte tragique de sa fille Frédérique à l'âge de 16 ans en 1963 plonge Degottex dans une période de désespoir et d'inactivité. Il reprend toutefois son travail avec la série des Écritures, suivie des suites Rose noire (1964), Suite obscure (1964), Métasphère (1966), les Etc (1964-1967) et Horsphères (1967).
Dès 1966, Degottex passe de longues périodes de travail à Gordes, dans le Vaucluse.
En 1968, il participe activement au mouvement de création graphique qui accompagne les événements de Mai 68.
En 1969, il collabore avec l'architecte Jean Daladier à la conception de maisons-coupoles à Saint-Julien-du-Sault et expose au Musée d'art moderne de Paris.
De 1972 à 1976, Degottex organise plusieurs expositions personnelles à la Galerie Germain et retourne exposer chez Jean Fournier. Il explore de nouvelles techniques artistiques, en travaillant notamment le papier avec des déchirures et des encollages, et en utilisant la technique du « report » par pliage, comme en témoignent les séries Lignes-Report (1978) et Plis-Report (1978).
En 1979, pour une exposition personnelle à l'Abbaye de Sénanque, il crée la série de toiles Déplis, comprenant de nombreux grands Déplis-Bleu.
En 1981, il reçoit le Grand Prix national de peinture.
En 1982, il entre à la Galerie de France, dirigée par Catherine Thieck, et crée les séries Grilles-Collors, Oblicollors et Diacollors.
Ses dernières œuvres majeures, Lignes-Bois (1985) et Contre-Lignes Bois (1986), se caractérisent par des tonalités blanches, grises et gris bleu.
Jean Degottex décède à Paris le 9 décembre 1988, laissant derrière lui un héritage artistique marqué par l'innovation et une quête incessante de nouvelles formes d'expression.