Jean DubuffetVignette LXI, K113
2 novembre 1983
Feutres de couleur et crayons de couleur sur papier
Monogrammée au cachet JD
12 x 8,5 cm ZoomDemande d'informations - Vignette LXI, K113, 2 novembre 1983
Provenance
Collection privée de la fille de l'artiste
Galerie Waddington Custot
Littérature
Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Derniers dessins. Fascicule XXXVIII, Paris, 1988, n° 135 p.38
Description de l'œuvre
Dans la continuité de sa carrière portée par la déconstruction des règles classiques pour inventer un monde en perpétuelle mutation, l'artiste veut sortir de la représentation des choses « nommables » et porte un regard neuf sur le monde.
Sa graphie énergique évoquant un gribouillage d'enfant, marque une nouvelle étape dans ses explorations. Aucune forme précise ou de personnage n'y est représentée.
Il n'y a plus d'objets identifiables mais des dynamismes et pulsions, des continuités et mutations.
Les Mires que Jean Dubuffet appelle Kowloon dans leur version travaillée avec du jaune (par opposition à la série Boléro) déclinent, dans une gamme de couleurs réduite essentiellement au bleu, au noir et au rouge, leurs tracés erratiques sur fond jaune.
Inspiré cette année-là par des lectures de chroniques chinoises, Dubuffet imaginait parfaitement ses Mires faisant office d'enseignes dans des rues populaires chinoises.
Contemporaine de son travail de peinture avec les Mires, la série des Vignettes fait partie des derniers dessins de Jean Dubuffet et compte 68 oeuvres de format réduit.
Il l'exécute d'une seule traite en dix jours, du 23 octobre au 2 novembre 1983, sur simple feuille de papier, avec des feutres de couleur et parfois l'intervention de crayons.
L'artiste offre cette série d'œuvres à sa fille Isalmina.
Biographie de L'artiste
Jean Dubuffet naît au Havre en 1901, au sein d'une famille de prospères négociants en vins.
Arrivé à Paris en 1918, il se désintéresse rapidement de l'enseignement de l'Académie Julian, s'immergeant plutôt dans le mouvement Dada. Il fréquente la bohème littéraire et artistique de Montmartre, côtoyant des figures telles que Suzanne Valadon et Max Jacob.
À partir de 1922, il intègre l'atelier d'André Masson, où il rencontre notamment Michel Leiris et Antonin Artaud. Les premières peintures de Dubuffet témoignent de l'influence d'André Masson, tandis qu'il emprunte à Fernand Léger sa conception d'un art enraciné dans la vie quotidienne, banale et populaire.
De retour au Havre en 1925, il abandonne la pratique artistique pour se lancer dans une carrière de négociant en vins. Cependant, huit ans plus tard, en 1936, il revient à Paris pour se consacrer à la création artistique. C'est pendant l'Occupation, en 1942, que Dubuffet se consacre définitivement à l'art.
Anticonformiste, Dubuffet s'oppose à une vision élitiste et ethnocentrique de la culture. Il trouve son inspiration dans la fraîcheur et la gaieté des dessins d'enfants et des œuvres d'artistes "malades mentaux" qu'il collectionne.
Sa première exposition personnelle en 1944 à la galerie René Drouin à Paris, intitulée "Marionnettes de la ville et de la campagne", suscite scandale et controverses, certains l'accusant d'être un imposteur et un simple "barbouilleur".
Cependant, Dubuffet continue d'expérimenter sans relâche tous les matériaux, tous les supports, tous les formats, considérant la spontanéité comme plus authentique que toute autre démarche artistique.
Animé d'un vif engouement pour le paysage et l'espace, Dubuffet se lance dans des voyages au Sahara entre 1947 et 1949. Ces expériences influencent profondément son œuvre. Il réalise des croquis et des peintures basés sur ses observations dans le désert, adoptant une esthétique qui reflète l'aridité et la majesté de ces vastes étendues. Sa fascination pour le mode de vie des bédouins et pour la minéralité du paysage s'accorde avec son attrait pour les matériaux bruts.
À partir de 1951, Dubuffet explore les possibilités physiques de la matière, utilisant des matériaux variés pour créer des textures et des formes uniques. Il forme sur ses tableaux un épais maçonnage qui en recouvre toute la surface. Cette quête permanente d'innovations plastiques le pousse à utiliser une grande diversité de matériaux et d'outils, allant du sable au goudron, en passant par le gravier, le plâtre et la poussière de charbon. Son approche artistique privilégie la spontanéité et la création à partir de rien.
En 1962, Dubuffet entame un cycle de douze années intitulé "L'Hourloupe", caractérisé par des dessins, des peintures, des sculptures et même de l'architecture.
Cette série, reconnaissable par son esthétique singulière de lignes entremêlées sur fond blanc, reflète l'imagination débordante de l'artiste.
À travers "L'Hourloupe", Dubuffet souhaite immerger les spectateurs dans son univers foisonnant et mystérieux, où des formes abstraites et des motifs vaguement identifiables se combinent pour créer un monde parallèle.
En plus de "L'Hourloupe", Dubuffet explore également d'autres séries, notamment les "Sites" et les "Psycho-sites" dans les années 1980, où la désignation de "paysage" est abolie au profit du terme plus vague de "Site". `Ces œuvres plus tardives témoignent d'une nouvelle phase dans la carrière de l'artiste, où il expérimente de nouvelles techniques chromatiques et gestuelles, tout en continuant à remettre en question les conventions artistiques établies.
La carrière artistique de Jean Dubuffet a été marquée par une volonté constante de défier les normes et les conventions, ainsi que par une recherche incessante de nouvelles formes d'expression. Sa contribution à l'art moderne reste inestimable, son travail ayant influencé de nombreux artistes contemporains et continuant à inspirer les générations futures.