Auguste Herbin
Auguste Herbin, né le 29 avril 1882 à Quiévy et décédé le 31 janvier 1960 à Paris, est un peintre et théoricien français reconnu comme un précurseur de l'art abstrait. Son parcours artistique débute à l'académie des beaux-arts de Lille, sous la direction de Pharaon de Winter, où il étudie de 1898 à 1901 avant de s'installer à Paris.
Herbin commence sa carrière en exposant des œuvres post-impressionnistes au Salon des Indépendants de 1906.
Sa rencontre avec Pablo Picasso et Georges Braque en 1909 marque un tournant décisif vers le cubisme.
Encouragé par le critique d'art allemand Wilhelm Uhde, Herbin participe à l'exposition de la Section d'Or en 1912.
Entre 1913 et 1923, il séjourne à Céret et produit plusieurs œuvres cubistes, s'efforçant d'éliminer la perspective traditionnelle de ses compositions.
Durant la Première Guerre mondiale, il est affecté à des travaux de camouflage et à la décoration d'une chapelle militaire. Après la guerre, Herbin signe un contrat avec Léonce Rosenberg et expose régulièrement à la Galerie de L'Effort Moderne à Paris entre 1918 et 1921.
En 1919, il abandonne le cubisme pour explorer des formes géométriques en relief, qu'il appelle "objets monumentaux", bien que ces œuvres soient mal reçues par la critique.
En 1931, Herbin co-fonde le groupe Abstraction-Création avec Georges Vantongerloo et se consacre à une peinture géométrique rigoureuse, composée de formes simples et de couleurs pures.
Dans les années 1940-1950, il développe son concept révolutionnaire d'"alphabet plastique", un système associant 26 couleurs à des formes géométriques et à des sonorités musicales. Par exemple, la lettre "i" correspond à un cercle, un triangle, la couleur orange et la note musicale ré. Ses toiles, conçues à partir de mots traduits dans cet alphabet, allient esthétique structurée et synesthésie musicale, offrant une expérience sensorielle riche et unique.
En 1946, Herbin publie un essai sur cet alphabet plastique, consolidant sa place comme figure majeure de l'art abstrait. Il devient président du Salon des Réalités Nouvelles et influence de nombreux artistes abstraits de la génération suivante, dont Jean Dewasne et Victor Vasarely. Après une hémiplégie en 1953, il réapprend à peindre de la main gauche, poursuivant son exploration artistique jusqu'à sa mort.
La reconnaissance internationale d'Herbin se manifeste par des expositions de ses œuvres à travers le monde, notamment une série de tapisseries originales exposées dans les grandes capitales artistiques. En 1956, il fait don de 24 œuvres à la ville de Le Cateau-Cambrésis, enrichissant le musée créé par Henri Matisse. Les galeries Lahumière et Denise René à Paris continuent de présenter régulièrement son travail, contribuant à sa redécouverte et à la pérennisation de son héritage artistique.
La dernière grande rétrospective de son œuvre a eu lieu en 2013 au musée Matisse de Le Cateau-Cambrésis et au musée d'art moderne de Céret. En 2017, la galerie Le Minotaure à Paris a présenté une exposition intitulée "Art abstrait géométrique : des origines aux Réalités Nouvelles", mettant en lumière l'importance d'Herbin dans l'histoire de l'abstraction en France. Ses contributions à l'art abstrait continuent d'être célébrées et étudiées, confirmant sa place parmi les pionniers de ce mouvement artistique majeur.